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"Une voix pour le peuple"
Je tente de créer une association pour changer la face du monde. On peut y arriver. N'hésitez pas à voir son but et à donner vos idées : Une voix pour le peuple

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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 09:34

Tout commence le 1er mars 1924, au hameau de Glozel, commune de Ferrières-sur-Sichon, à une vingtaine de kilomètres de Vichy, dans la montagne bourbonnaise.

Ce jour-là, quatre membres d’une famille d’agriculteurs, les FRADIN, dont Emile, seize ans, sont en train de labourer le champ Duranthon. Soudain, le soc de la charrue heurte une sorte de brique ; le sol s’effondre et l’une des vaches tirant la charrue tombe, une patte prise dans le trou. En dégageant l’animal, des morceaux de poterie apparaissent. Ensuite, une fosse ovale de 2,80 mètres de long est mise à jour, contenant des ossements et un crâne complet auquel il ne manque que deux dents. A côté du crâne, se trouvent deux vases intacts qui sont brisés aussitôt dans l’espoir d’y découvrir un trésor à l’intérieur. Déception : rien que de la terre…

Le soir, quand le jeune Emile rentre à la ferme avec le crâne, sa grand-mère pousse les hauts cris :

"Vous déterrez les morts ! Il ne fallait pas faire ça…"

Emile FRADIN est très loin de penser, ce soir-là, que sa vie allait être complètement bouleversée par cette découverte.

Le lendemain, Emile, son grand-père et un voisin, armés de pioches, reprennent les fouilles. Ils découvrent d’autres vases – aussitôt brisés sans résultat – une petite hache, une aiguille en os, des galets gravés de signes étranges. Au cours des jours suivants, les FRADIN continuent les fouilles à leur façon. Emile ramène à la ferme tout ce qu’on trouve et le range sur une étagère en bois, où les voisins viennent voir… et se servent ! C’est ainsi qu’un jour le crâne disparaît…

Dans les semaines qui suivent, les notables de Ferrières - dont l’institutrice Mlle PICANDET – viennent aussi en curieux à la ferme des FRADIN. Mlle PICANDET écrit ensuite à l’inspecteur d’Académie pour l’aviser des découvertes faites à Glozel.

Le 9 juillet 1924, M. CLÉMENT, instituteur, envoyé par le Dr de BRINON, de la Société d’Emulation du Bourbonnais, débarque à Glozel. Pendant ce mois de juillet, CLÉMENT passe son temps à fouiller le champ Duranthon, devenu le Champ des Morts. Le 28 juillet, CLÉMENT arrive accompagné de Mlle PICANDET, M. VIPLE et deux autres personnes. Au Champ des Morts, CLÉMENT et VIPLE détruisent ce qui reste de la tombe et VIPLE repart avec un grand panier plein d’objets trouvés là : des galets, une brique portant une empreinte de main, des morceaux de tablettes, des fragments d’os, etc… Malgré la promesse de les rendre, ces objets ne seront jamais revus.

Une quinzaine plus tard, VIPLE écrit à Emile pour lui dire que tout cela est sans intérêt et que le mieux est de remettre le Champ des Morts en culture. Ce qui est fait.

CLEMENT continue de temps à autre à visiter le site, en emportant à chaque fois des objets ! Dans une lettre datée du 30 janvier 1925, adressée au Dr de BRINON, CLÉMENT s’attribue à lui seul les résultats des fouilles de Glozel ! !

En lisant le Bulletin de la Société d’Emulation, un médecin de Vichy, le Dr MORLET, passionné d’archéologie, découvre l’existence du site de Glozel. Accompagné de CLÉMENT, le Dr MORLET débarque chez les FRADIN le 26 avril 1925 et visite le champ de fouilles. Le mois suivant, le Dr MORLET propose de louer le Champ des Morts pour y fouiller lui-même. Ce qui est fait par un accord écrit, daté du 23 juillet 1925.

Plus tard, le conservateur du célèbre musée de St-Germain-en-Laye, Salomon REINACH, dira que le Dr MORLET « n’a pas eu besoin de gens de métier pour le mettre sur la bonne voie ». Ce que ces gens de métier n’ont pas pardonné à cet archéologue amateur. Désormais, le docteur va se consacrer totalement à Glozel, lui sacrifiant même une partie de sa carrière médicale.

A partir du 24 mai 1925, le Dr MORLET, aidé de sa femme et d’un employé M.GRAND, commence ses fouilles à Glozel. Tous les objets découverts sont emmenés à Vichy pour examen, puis rendus par le docteur aux FRADIN.

Le 4 juin 1925, a lieu à la ferme une entrevue orageuse entre CLÉMENT et les FRADIN, en présence de MORLET, au sujet des objets prêtés à CLÉMENT et non rendus.

En septembre, le Dr MORLET publie une brochure intitulée "Glozel, nouvelle station néolithique", suivie de six autres fascicules.

Ensuite, le Dr MORLET rencontre à Paris le Dr CAPITAN, célèbre préhistorien, qui lui propose de rééditer sa plaquette sur Glozel avec en tête son nom : CAPITAN. Choqué, le Dr MORLET refuse. Furieux, CAPITAN répand alors le bruit que le gisement de Glozel est douteux et le jeune FRADIN, un faussaire possible.

En 1926, deux années de fouilles ont déjà donné plusieurs centaines d’objets, sans compter tout ce qui a été éparpillé ou volé.

Au cours de 1926, de nombreuses personnalités – principalement des scientifiques – visitent Glozel. Parmi eux, il y a les conservateurs des musées de St-Germain-en-Laye, Nîmes et Lisbonne, un préhistorien, un paléontologue, un archéologue, un géologue, un historien-académicien Camille JULLIAN et même le roi de Roumanie Ferdinand Ier. A ces personnalités, il faut ajouter deux célébrités du monde de la préhistoire, Joseph LOTH et l’abbé BREUIL surnommé « le Pape de la préhistoire ». Tous repartent de Glozel enthousiasmés, proclamant que Glozel est authentique.

Seul, un courtier en antiquités affirme qu’il s’agit d’une fumisterie et qu’Emile FRADIN est un prestidigitateur.

Sur les conseils de J.LOTH et avec l’aide de MORLET, Emile installe des vitrines dans une pièce de la ferme pour y exposer les objets découverts. Il appelle cela : le Musée de Glozel.

  

 

En 1927, les savants continuent toujours à défiler à Glozel.

La première tombe avait été détruite en 1924. Or, le 14 juin 1927, une deuxième tombe est découverte, semblable à la première. Puis, le 21 juin, une troisième, intacte, devant plusieurs savants : MM. ESPÉRANDIEU, AUDOLLENT et MENDÈS-CORREA. Au total, 121 objets sont retirés de cette troisième tombe. Deux autres tombes seront découvertes plus tard.

Trois ans après la découverte, le bilan des trouvailles originales faites à Glozel est impressionnant : des « vases à masque muet », des « idoles bisexuées » en terre cuite, des galets ornés de dessins et surtout les fameuses tablettes écrites de mystérieux signes alphabétiformes.

Le 15 novembre 1927, le Dr MORLET écrit dans "Le Mercure" un article où il reproche à l’abbé BREUIL de faire croire qu’il est le premier savant à avoir étudié Glozel.

A partir de ce moment, BREUIL « retourne sa soutane », comme dit Emile FRADIN.

En juin de la même année, un inconnu arrive à Glozel, visite le musée, puis le champ de fouilles et propose à Emile de racheter tout le musée ! Emile répond qu’il n’y a rien à vendre;

L’homme revient encore deux fois, renouvelant son offre, toujours sans succès. Finalement, il revient avec une autorisation de fouiller du Dr MORLET et se met au travail. Après avoir trouvé deux galets gravés, il propose encore de tout acheter. Devant le refus d’Emile, l’homme se fâche et crie : « Je le coulerai votre Glozel ! » Emile téléphone ensuite à MORLET qui lui confirme avoir donné son autorisation à M. VAYSON de PRADENNES, de la Société Préhistorique de France (ignorant qu’il s’agissait de celui qui voulait racheter Glozel). M.VAYSON préparait alors son ouvrage sur les faux en archéologie. Il rencontre le Dr MORLET et lui dit qu’Emile FRADIN est un faussaire.

"Je l’ai pris la main dans le sac", dit-il.

Le docteur propose d’aller vérifier sur place et le lendemain les deux hommes se retrouvent au champ de fouilles. Mais VAYSON est incapable de prouver une quelconque supercherie.

Désormais, VAYSON de PRADENNES sera un des plus féroces anti-glozéliens.

Le 2 septembre 1927, un groupe de scientifiques fouille le Champ des Morts. Parmi eux, M. PEYRONY, conservateur du musée des Eyzies. Peu après, PEYRONY écrit à MORLET que sa découverte est bien authentique. Ensuite, il revient souvent à Glozel, mais il s’aperçoit vite qu’il y a beaucoup plus de visiteurs à Glozel qu’aux Eyzies.

Un jour, il dit au jeune FRADIN : « Dites la vérité : vous avez fabriqué une partie de ces choses-là, hein ? Je ne dirai rien à personne ». « Voulez-vous vous taire ! » répond Emile.

A dater de ce jour, PEYRONY renie ses premières déclarations et rejoint les rangs des anti-glozéliens.

A la même époque, M. DUSSAUD, conservateur du musée du Louvre, raconte que Glozel est faux et qu’Emile FRADIN a gravé sur les tablettes des signes du sarcophage phénicien d’ESHMOUNAZAR. Comme si un jeune paysan jamais sorti de son village pouvait connaître Eshmounazar !

Toujours en septembre 1927, l’Institut International d’Anthropologie décide de créer une commission pour examiner impartialement les objets de Glozel et mettre fin à la controverse.

Le ministre de l’Instruction Publique, Edouard HERRIOT, charge M. PEYRONY de faire l’inventaire des objets de Glozel et de surveiller les fouilles.

Le 5 novembre 1927, la commission internationale arrive à Glozel, accompagnée de PEYRONY. Elle se compose de six membres – tous antiglozéliens – et est présidée par M. PITTARD.

Entourée de journalistes et de curieux, la commission se rend au Champ des Morts. Ce terrain, clos de barbelés, se trouve dans un bas-fond. Il fait environ 1000 m², parsemés de trous et de tranchées.

Les membres de la commission se mettent à fouiller, ainsi que les deux jours suivants. Le matin du troisième jour, un incident sérieux oppose un membre de la commission, Mlle GARROD, au Dr MORLET qui l’accuse d’avoir percé avec son doigt le front de taille. Ce front est plâtré le soir pour que nul n’y touche pendant la nuit. Après avoir nié, Mlle GARROD finit par reconnaître les faits.

Au bout de trois jours, la commission a découvert deux poinçons en os, une pendeloque gravée, une idole bisexuée, un galet gravé d’une magnifique tête de renne accompagnée de six lettres mystérieuses et une tablette écrite. De plus, deux sondages sont effectués hors du terrain, à 20 m et à 300 m de distance. Résultat : la nature du sol est la même partout.

Fin novembre, « Le Télégramme de Toulouse » publie une dépêche, reprise par la presse parisienne, disant que le Pr MENDES-CORREA a examiné à Porto des objets en os de Glozel. Résultat : aucune trace de fossilisation.

MENDES-CORREA répond dans « O Seculo » que la dépêche est un faux ! M. BEGOUEN, ancien directeur du

« Télégramme » reconnaît alors qu’il en est l’auteur ! Mais le mal est fait…

A la même époque, on découvre à Alvao, au Portugal, un tesson de poterie portant des signes de type glozélien. Aussitôt, M. DUSSAUD, du Louvre, déclare qu’il s’agit d’une mystification !

Enfin, le 23 décembre 1927, la Commission Internationale publie son rapport qui conclut à « la non-ancienneté » de Glozel…

Quant à PEYRONY, il déclare dans une annexe à ce rapport : « J’avoue que je m’étais trompé…. »

En 1928, on découvre encore des objets du type Glozel, aux alentours de Ferrières : au hameau du Guerrier d’abord, ensuite à Puyravel où on trouve dans une grotte souterraine, des os, des poteries très belles et des galets gravés de signes glozéliens. C’est M. DEPÉRET qui fouille les deux sites.

Devant ces découvertes, DUSSAUD écrit : « Aucun doute n’est permis ; les gravures de ces galets sont fausses ». M. DUSSAUD est venu une seule fois à Glozel, accompagné du Dr MORLET. A ce dernier qui lui disait : « Fouillez où vous voulez », DUSSAUD répondit : « Inutile, Glozel n’existe pas ». Sans commentaire…

Un beau jour, sans prévenir, Edouard HERRIOT arrive à la ferme des FRADIN. Il visite pendant une heure le musée, puis le champ de fouilles. Le 10 février 1928, Emile reçoit une lettre de M. HERIOT l’informant que la Commission des Monuments Historiques a émis l’avis que Glozel « ne présente pas de caractère préhistorique ».

Aussitôt les glozéliens réagissent, en particulier en envoyant au Dr MORLET une déclaration de soutien signée par quatre académiciens, deux conservateurs de musée, trois universitaires, etc….

Les Procès

A partir de maintenant, c’est Emile FRADIN et sa famille qui vont prendre des coups.

Début 1928, M. GUITET-VAUQUELIN, rédacteur en chef du « Matin » débarque à la ferme des FRADIN, accompagné de M. CLÉRISSE. Ils passent la journée à fouiller à l’extérieur du Champ des Morts, en trois endroits différents. Le soir, ils ont récolté des objets dans les trois sites ! Ils repartent convaincus de l’authenticité du lieu. Quelques temps plus tard, GUITET revient et décide les FRADIN à porter plainte contre DUSSAUD pour diffamation. Le 10 janvier 1928, les FRADIN portent plainte contre « Le Matin » (qui avait publié les calomnies de DUSSAUD) et contre DUSSAUD. De son côté, le journal porte plainte également contre DUSSAUD.

Le 24 février, arrive au musée de Glozel le Dr REGNAULT, président de la Société Préhistorique Française ; il achète un ticket, regarde les vitrines et s’en va. Aussitôt après, son avocat, Me Maurice GARÇON dépose une plainte en escroquerie à Moulins dont le procureur est M. VIPLE (celui qui était venu à Glozel en 1924). Le lendemain, arrivent à la ferme deux voitures noires d’où surgissent huit policiers qui mettent dehors les visiteurs du musée, puis perquisitionnent partout. Ils agissent sous les ordres du commissaire HENNET, qui est accompagné de REGNAULT.

Emile est fouillé ; son grand-père, grippé, est sorti de son lit ! Tous les meubles de la ferme sont fouillés, ainsi que la grange. Enfin, Emile, qui proteste, reçoit une paire de gifles du commissaire.

Ensuite, REGNAULT et les policiers s’enferment dans le musée. Presque toutes les vitrines sont brisées ; environ 200 objets sont mis dans des sacs, d’autres sont détruits rageusement. Après avoir fait un tour au Champ des Morts et interrogé encore Emile, tous s’en vont avec les sacs pleins, au bout de trois heures…

La famille FRADIN est complètement atterrée ! Elle prévient aussitôt le Dr MORLET, qui arrive le lendemain matin, accompagné de plusieurs journalistes. Dans la grange, MORLET sort d’un trou du mur – où un policier avait trouvé un galet – deux autres galets fraîchement gravés ! Comme c’est bizarre…

Il est à remarquer qu’il s’est passé à peine 24 heures entre la visite du musée par REGNAULT, sa plainte à Moulins, différentes procédures aboutissant à l’arrivée à Glozel d’une Brigade Mobile venant de Clermont. Quelle rapidité ! Vraiment bizarre…

Le 28 février, Emile est convoqué à Paris pour la première audience du procès contre DUSSAUD. Me THÉRY, avocat du « Matin », demande une expertise des objets de Glozel. Mais la perquisition policière l’interdit et le président lève l’audience en renvoyant la suite du procès à plus tard.

La scandaleuse perquisition chez les FRADIN avait indigné beaucoup de monde. M. BASCH, président de la Ligue des Droits de l’Homme, proteste auprès de M. BARTHOU, ministre de la Justice. « Le Journal » demande qu’on décerne les palmes académiques à Emile FRADIN !

Les glozéliens décident alors de créer un Comité d’Etudes de douze membres (dont quatre préhistoriens, trois épigraphistes et deux géologues). Ce Comité reprend les fouilles à Glozel le 12 avril 1928. Un superbe galet gravé d’un renne galopant et de trois signes glozéliens est découvert. D’autres objets sont mis au jour les 13 et 14 avril. Le Comité rédige ensuite un rapport disant que les trouvailles faites à Glozel appartiennent au début de l’art néolithique.

A cette époque, le public vient à Glozel toujours plus nombreux. Glozel est inscrit sur les circuits touristiques et les visiteurs descendent des cars directement dans la cour de la ferme !

Un jour de 1928, on compte 112 voitures alignées au bord de la route ! Tout un commerce se crée autour du nom de Glozel. Un guide « Tout Glozel en poche » est édité, etc…

Emile FRADIN devient célèbre ; il est invité partout, jusqu’à Paris…

Avec tout ça, le musée est devenu trop petit. Les FRADIN font construire un petit bâtiment entre la ferme et la grange où ils installent le nouveau musée ; il s’y trouve toujours ! ?

Près de 2000 objets sont ainsi déménagés.

Que sont devenus les 200 objets saisis lors de la perquisition de février 1928 ? Ils sont entre les mains d’un expert, M. BAYLE, chef de l’Identité Judiciaire de Paris (beau-père de VAYSON de PRADENNES).

Un an passe, toujours pas de rapport de M. BAYLE. Enfin, le 11 mai 1929, la première partie du rapport est publiée. Ce rapport affirme que les briques de Glozel ont moins de cinq ans !

En fait, BAYLE s’appuie sur des « preuves » scientifiques inexactes ou erronées…

Le lendemain, 12 mai, la Société Préhistorique publie un mémoire de 28 pages, où Emile FRADIN est traité de faussaire et où est commenté le rapport BAYLE (première partie) paru la veille ! De plus en plus bizarre…

Aussitôt, le Dr MORLET porte plainte en diffamation contre la Société Préhistorique.

Le 4 juin 1929, Emile FRADIN est inculpé pour escroquerie. Devant le juge PYTHON, à Moulins, a lieu une confrontation orageuse entre Emile et CLÉMENT. Puis les convocations chez le juge se multiplient. Dure épreuve pour Emile. Les journaux les signalent à chaque fois, avec sa photo à l’appui. On le reconnaît dans le train. Pendant plusieurs mois, Emile ne sort plus de chez lui.

Au musée, la majorité des visiteurs viennent pour voir le « faussaire » et font leurs critiques à voix haute devant les FRADIN !

Le 18 octobre 1929, à Clermont-Ferrand, a lieu le procès MORLET contre la Société Préhistorique. Cette dernière est condamnée à 16 francs d’amende et 1000 francs de dommages et intérêts.

Pendant ce temps, l’instruction du juge PYTHON continue. Tous les membres de la famille FRADIN sont interrogés, ainsi que les amis, les voisins, etc… En 1930, à la requête d’Emile FRADIN, la deuxième partie du rapport BAYLE ? est enfin publiée. On y trouve des erreurs monumentales, telles que la confusion entre os et ivoire et entre os et bois de cervidé !

Le procès d’Emile FRADIN pour escroquerie est enfin jugé devant le tribunal du Cusset en 1931. Emile bénéficie finalement d’un non-lieu. Le journal « Le Temps » estime qu’il s’agit d’un « jugement de Salomon ». La Cour d’appel de Riom confirme le non-lieu, bien que le président du tribunal, M. CALEMARD, soit un membre de la Société Préhistorique.

Enfin, le 9 mars 1932, s’ouvre à Paris le procès, en correctionnelle, pour calomnies, contre DUSSAUD.

Emile a pour avocats le célèbre Me Henry TORRÈS, assisté de Me Marc de MOLÈNES. DUSSAUD, devenu président de l’Académie des Inscriptions, commence par déclarer qu’Emile doit dire qui a fabriqué les objets de Glozel ! C’est ensuite le défilé de nombreux témoins, pour ou contre Glozel. Enfin, le Dr REGNAULT raconte, d’une manière particulièrement mensongère, le saccage du musée, ce qui fait bondir Emile.

Après les plaidoiries de TORRÈS et de MOLÈNES pour FRADIN, c’est au tour de Me GARÇON. Celui-ci ose dire que ce sont les FRADIN qui ont détruit leur propre musée !

Le 23 mars 1932, le tribunal condamne DUSSAUD à 1 franc de dommages-intérêts et aux dépens.

Première Victoire

Après ces procès, le calme revient à Glozel. Les visiteurs sont toujours là, mais moins nombreux. Le Dr MORLET fait paraître, en 1932, un « Petit historique de l’affaire Glozel », édité par Desgrandchamps, après avoir publié en 1929 aux mêmes éditions, un magnifique livre illustré : « Glozel ».

Avec la guerre de 39, les fouilles s’arrêtent. Une loi de 1942 attribue désormais à l’Etat la propriété du sous-sol. A la libération, le Dr MORLET ne peut donc pas reprendre ses fouilles.

En 1959, le chanoine COTE, beau-frère d’Emile, publie « Glozel 30 ans après ». Glozel voit débarquer, en octobre 1961, une équipe de télévision allemande, dirigée par l’archéologue M. CERAM. En Italie, en 1962, la revue d’archéologie « Storia Illustrata », puis l’encyclopédie « Pomba », publient de longs articles en faveur du site de Glozel.

La même année, le Dr MORLET publie le deuxième tome de son « Glozel », richement illustré, puis en 1965, l’année de sa mort, un « Corpus des inscriptions de Glozel » ?. Ces deux livres furent réédités en 1978 aux éditions Horvath.

Puis, Robert Charroux, venu souvent sur place, évoque Glozel dans ses livres, publiés aux éditions Robert Laffont.

Un jour, un journaliste nommé DELORME arrive à Glozel et propose de faire dater des objets, dont les tablettes, par la thermoluminescence. Certains objets appartenant à Mme MORLET, Emile lui demande son avis. Mme MORLET déconseille alors de prêter les objets. Quand DELORME l’apprend, il décide que Glozel est faux et publie un long article contre Glozel dans la revue « Histoire », en s’appuyant principalement sur le rapport Bayle.

En 1967, une équipe de la BBC-Télévision vient faire un reportage à Glozel, sous la direction de l’archéologue Glynn DANIEL. Le film se révèle à la diffusion grossièrement anti-glozélien. Puis, la télévision française propose à son tour de venir, mais Emile refuse.

Toujours en 1967, Mme MORLET reçoit une lettre de trois savants soviétiques qui désirent traduire les mystérieuses tablettes. Mme MORLET leur envoie des photos et la correspondance dure trois ans. En 1970, les Russes annoncent que la traduction est terminée et qu’ils l’envoient à Mme MORLET. Celle-ci reçoit le paquet avec une enveloppe… vide. Quelqu’un a volé la traduction ! Malgré de nombreuses démarches, on ne saura jamais qui est le voleur.

En mars 1967, paraît en Suède une étude illustrée, « Scandale à Glozel », écrite par M. SILOW, archéologue, et une journaliste Mme RINGSTRÖM. Cette dernière, en novembre 1971, demande à Emile 150g d’objets pour analyse par thermoluminescence. Après accord de Mme MORLET, Emile accepte.

Enfin, en juillet 1973, Emile FRADIN apprend que l’Institut de Recherches Scientifiques de Risö, au Danemark, a daté les objets de Glozel d’entre 900 et 300 avant J.-C. ! Glozel est donc authentique !

Il avait fallu 50 ans pour avoir, enfin, la preuve scientifique que Glozel n’était pas une supercherie.

Ce même été 1973, M. SILOW vient à Glozel, suivi deux mois plus tard de M. MEJDHAL de l’Institut de Risö. Ces scientifiques repartent avec de nombreux échantillons de Glozel (ossements humains, objets, tablettes). Emile est particulièrement heureux de rencontrer M. MEJDHAL, l’homme qui avait authentifié Glozel. Quelques échantillons sont envoyés à un laboratoire d’Edimbourg où M. McKERREL les date de 900 et 3000 av. J.-C.

A quand la reprise des fouilles ?

Toujours en 1973, le conservateur du musée de Saint-Germain-en-Laye, Henri DELPORTE, débarque à la ferme des FRADIN et visite le musée

Le 17 décembre 1973, Henri DELPORTE et Henri FRANÇOIS du Commissariat à l’Energie Atomique, dialoguent au sujet des problèmes de datation, sur France-Culture. Ils viennent ensuite à Glozel et emportent une tablette.

Un peu plus tard, une quinzaine de personnes, dont MM. MEJDHAL, Mc KERREL, DELPORTE et FRANÇOIS se retrouvent à Glozel. Ils emportent, eux aussi, pas mal d’échantillons, dont une tablette que BAYLE avait estimée

« très récente ». Cette tablette, après analyse, se révèle parfaitement authentique

Cela n’empêche pas M. Jean-Pierre ADAM de publier, fin 1975, un livre « L’archéologie devant l’imposture », dans lequel 23 pages sont consacrées à Glozel, en s’appuyant sur… le fameux rapport Bayle.

En 1974, MEJDHAL, SILOW et Mc KARREL reviennent à Glozel et proposent à Emile de fouiller « un peu » le Champ des Morts. Après hésitation, Emile accepte. Ils trouvent des morceaux de poterie et un très beau petit vase, intact. Ils s’en vont en espérant revenir dans trois mois avec une autorisation de fouiller. M ais le 13 juin 1974, Emile reçoit une lettre de DELPORTE lui rappelant qu’il est interdit de fouiller sans autorisation de l’Etat.

Pendant ce temps, les datations se poursuivent en Suède, en Ecosse, à Fontenay-aux-Roses et à chaque fois, l’authenticité de Glozel est établie.

En octobre 1974, arrive à Glozel une équipe du Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble, dirigée par Mme LEMERCIER. L’équipe recherche, à l’aide d’un magnétomètre, des gisements au champ de fouilles. Elle travaille pendant cinq jours et prospecte aussi aux alentours. Des gisements sont repérés au Champ des Morts et dans un champ à côté, appartenant à la famille COGNET.

En mars 1975, à Oxford, se tient un congrès d’archéométrie réunissant 150 savants de 12 pays, dont les chercheurs ayant participé aux datations de Glozel. Une journée entière est d’ailleurs consacrée au site de Glozel. MEJDHAL et Mc KERREL rendent compte de leurs travaux, puis M. ISSERLING de l’université de Leeds, fait un exposé. Son opinion est que l’écriture de Glozel est une sorte de mélange d’écriture ibérienne et phénicienne. Ce serait une « écriture magique », n’ayant pas de sens réel.

Comment expliquer alors que l’on ait trouvé des signes glozéliens sur des objets découverts, en 1927, à Alvao au Portugal ?

Le 12 décembre 1975, M. FRANÇOIS écrit à Emile FRADIN : « une réouverture des fouilles ou même l’ouverture de sondages est encore difficile à entreprendre sur le plan officiel ».

Pour quelles raisons ? Qui s’y oppose ? Cela fait déjà 36 ans que les fouilles sont interrompues et il n’est pas question de les reprendre, alors qu’on sait – suite aux recherches effectuées par l’équipe de Grenoble – qu’il existe encore des gisements à Glozel.

Depuis 1972, une petite équipe d’universitaires, sous la direction d’un professeur d’histoire de Vichy, Robert LIRIS, plaide la cause de Glozel.

Jean-Jacques SIRKIS réalise en 1976 un film sur Glozel, pour FR3.

En octobre 1978 est créée l’Association pour la Sauvegarde et la Protection des Collections de Glozel (ASPCG). Elle est présidée, à ce moment, par M. BESSON. Emile FRADIN en est le vice-président. Parmi ses membres, on note M. Henri FRANÇOIS, Mme FATON rédactrice de la revue « Archéologie », M. DAUGAS archéologue, M. TIXIER conservateur-adjoint des Bâtiments de France, entre autres. Son siège est à Vichy.

En 1983, un sondage rapide, effectué par le Conseil Supérieur de l’Archéologie, date des objets de l’époque celtique, mais d’autres du Moyen Age.

D’après Robert LIRIS, président des Amis de Glozel, les contradictions chronologiques s’expliquent par la présence – à une époque récente – de verriers et de charbonniers sur le site.

A la fin de 1992, une équipe de TF1 vient à Glozel réaliser un tournage pour l’émission « Mystères » ; cette émission est diffusée le 21 décembre 1992.

La controverse au sujet de Glozel se poursuit toujours. En effet, les anti-glozéliens ne désarment pas.

La revue « Science & Vie », dans son numéro 888 de septembre 1991, évoque les fouilles faites à Glozel dans des conditions douteuses, et l’absence d’homogénéité des datations, "ce qui ne plaide guère en faveur de son authenticité ".

Quant aux dictionnaires les plus utilisés, voici ce qu’ils disent à l’article de Glozel :

Le Robert : « Hameau de l’Allier, près de Vichy. En 1925, on y découvrit des pièces présumées préhistoriques, mais après plusieurs expertises, une commission de l’Institut International d’Anthropologie conclut à leur « non-ancienneté ».

C’est en 1924 et non 1925 que fut découvert le gisement de Glozel. Le rapport de la commission citée fut publié en 1927 ! Parler de « non-ancienneté » pour des pièces dont certaines remontent à plus de 20 000 ans, c’est dire n’importe quoi.

Le Larousse : « Hameau de la commune de Ferrières-sur-Sichon (Allier). Découvertes préhistoriques qui, depuis leur mise au jour en 1924, sont l’objet de controverses quant à leur authenticité ».

Voilà qui est beaucoup plus objectif.

Mais quand donc va-t-on reprendre les fouilles à Glozel ? D’après Mme PERPÈRE, préhistorienne au Musée de l’Homme, il faut attendre l’extinction de la polémique. « Peut-être dans 100 ans… » Vous avez bien lu : dans un siècle.

Le mystère demeure

Les mandarins français de l’archéologie ont peur de Glozel. C’est un sujet tabou. La preuve : aucun grand ouvrage d’archéologie n’en parle…

Comme l’a écrit la revue « Histoire et Archéologie » : Glozel, c’est l’affaire Dreyfus de l’archéologie.

Actuellement, les datations effectuées sur un certain nombre d’objets par les méthodes du carbone 14 et de la thermoluminescence ont donné des résultats très curieux. Les dates s’étendent, en effet, du XVIIIe siècle jusqu’aux environs de 19 000 avant J.-C. ! Entre ces extrêmes, certains objets sont datés de l’époque médiévale, d’autres – les tablettes écrites – de l’époque celtique, d’autres encore de 3000 avant notre ère… Il faut remarquer qu’aucun objet ne date de l’époque d’Emile FRADIN, le soi-disant faussaire. Le mystère de Glozel demeure donc.

Quant à Emile FRADIN, maintenant très âgé ? Il a reçu les palmes académiques le 17 juin 1990, ainsi que la médaille du Conseil Général de l’Allier.

Ce jour-là, il fut enfin récompensé pour ses efforts déployés pendant toute sa vie pour défendre le site de Glozel et fut lavé officiellement de tout soupçon d’escroquerie. Il avait fallu attendre 62 ans pour que le souhait du rédacteur du Journal, en 1928, se réalise.

Emile FRADIN : « GLOZEL est vrai et je veux qu’on le dise ».

Le Dr MORLET meurt le 16 août 1965, âgé de 83 ans.

Veuf, il est sept fois grand-père et vit avec sa sœur à Glozel.

 

Saadane

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