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"Une voix pour le peuple"
Je tente de créer une association pour changer la face du monde. On peut y arriver. N'hésitez pas à voir son but et à donner vos idées : Une voix pour le peuple

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 15:44
RECITS DE VOYAGE

Les récits de voyages et d'explorations forment l'une des bases de la légende de la licorne car dès l’antiquité, Ctésias affirma à son retour des Indes que l’âne de ce pays portait une corne unique au milieu de la tête. Ses dires furent repris par Aristote. De la fin du Moyen Âge à la Renaissance, à l'époque des grandes explorations, de nombreux voyageurs assurent avoir vu des licornes et en firent même des descriptions très précises, souvent contradictoires, qui amenèrent certains interprètes à croire que les licorne formaient une famille comprenant des races très différentes les unes des autres, d'autres interprètes à douter de la réalité de son existence.

Marco Polo

Au XIIIe siècle, Marco Polo en parle dans son Devisement du monde, où il décrit une « licorne » près de Java. L'animal était « à peine moins gros qu’un éléphant, avec le poil du buffle, le pied comme celui de l’éléphant, une très grosse corne noire au milieu du front. Il ne fait aucun mal aux hommes ni aux bêtes avec sa corne, mais seulement avec la langue et les genoux, car sa langue est couverte d'épines très longues et aiguës. Quand il veut détruire un être, il le piétine et l’écrase par terre avec les genoux, puis le lèche avec sa langue. Il a la tête d'un sanglier sauvage et la porte toujours inclinée vers la terre. Il demeure volontiers dans la boue et la fange parmi les lacs et les forêts. C’est une vilaine bête, dégoutante à voir. »

Ulysse Aldrovandi (1522-1607) soupçonna plus tard cette description d'être celle d'un rhinocéros : « Quant au monocéros de Paul de Venise (Marco Polo), je pense que personne ne pourra me reprocher d’y voir un rhinocéros. En effet, ils se ressemblent assez, d’après les marques qu’il en donne : sa taille proche de celle de l’éléphant, bien sûr, mais aussi sa laideur, sa lenteur, et sa tête porcine, caractéristiques qui décrivent bien le rhinocéros. »

Ludovico de Verthema

Lors d'un séjour à La Mecque en 1503, l'explorateur italien Ludovico de Verthema rapporta avoir vu deux licornes dans un enclos, elles auraient été envoyées au Sultan de La Mecque par un roi d’Éthiopie en gage d’alliance, comme la plus belle chose qui soit au monde, un riche trésor et une grande merveille.« Le plus grand est fait comme un poulain d’un an, et a une corne d’environ quatre paumes de long. Il a la couleur d’un bai brun, la tête d’un cerf, le col court, le poil court et pendant sur un côté, la jambe légère comme un chevreuil. Son pied est fendu comme celui d’une chèvre et il a des poils sur les jambes de derrière. C’est une bête fière et discrète. »

Jérôme Lobo

Le jésuite portugais Jérôme Lobo cherchait les sources du Nil quand il rapporte sa rencontre avec des licornes dans un récit de 1672 : « C’est là que l’on a vu la véritable licorne... Pour la licorne, on ne peut la confondre avec le rhinocéros qui a deux cornes, pas droites mais courbées. Elle est de la grandeur d’un cheval de médiocre taille, d’un poil brun tirant sur le noir ; elle a le crin et la queue noire, le crin court et peu fourni… avec une corne droite longue de cinq palmes, d’une couleur qui tire sur le blanc. Elle demeure toujours dans les bois et ne se hasarde guère dans les lieux découverts. Les peuples de ces pays mangent la chair de ces bêtes comme de toutes les autres. »

Autres récits

Ambroise Paré cite le chirurgien Louis Paradis qui décrivit une licorne « Son poil était couleur de castor, fort lissé, le cou grêle, de petites oreilles, une corne entre les oreilles fort lissée, de couleur obscure, basanée, de longueur d’un pied seulement, la tête courte et sèche, le mufle rond, semblable à celui d’un veau, les yeux assez grands, ayant un regard fort farouche, les jambes sèches, les pieds fendus comme une biche, la queue ronde et courte comme celle d’un cerf. Elle était tout d’une même couleur, excepté un pied de devant qui était de couleur jaune. ». En 1652, Thomas Bartholin cite « un animal de la grandeur d’un cheval moyen, de couleur grise comme un âne, avec une ligne noire sur toute la longueur du dos, et une corne au milieu du front longue de trois spithames ». En 1690, le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière donne cette définition de l'unicorne :« Il a une corne blanche au milieu du front, de cinq palmes de longueur... ». Un voyageur portugais décrit des licornes éthiopiennes en ces termes : « La licorne, qu’on trouve dans les montagnes de Beth en la Haute Éthiopie, est de couleur cendrée, et ressemble à un poulain de deux ans, hormis qu’elle a une barbe de bouc, et au milieu du front une corne de trois pieds, qui est polie et blanche comme de l’ivoire et rayée de raies jaunes, depuis le haut jusqu’en bas ».

Autres espèces

À la fin du XVIe siècle, le cosmographe André Thevet décrivit deux animaux comme des « sortes de licornes ».

Pirassouppi

Le Pirassoupi serait une licorne à deux cornes : « En la province qui est le long de la rivière de Plate se trouve une bête que les sauvages appellent Pirassouppi, grande comme un mulet, et sa tête quasi semblable, velue en forme d’un ours, un peu plus colorée, tirant sur le fauve et ayant les pieds fendus comme un cerf. Ce Pirassouppi a deux cornes fort longues, sans ramures, fort élevées et qui approchent de ces licornes tant estimées. »

Licornes aquatiques

Au milieu du XVIe siècle, apparaissent des récits mentionnant d'étranges licornes aquatiques. Entre le promontoire de Bonne-Espérance et celui des Courantes était censé vivre un animal amphibie qui avait la tête et le crin d’un cheval, une corne de deux empans de long, mobile, tournant tantôt à dextre, tantôt à sénestre, se haussant et se baissant. Cet animal combattrait furieusement contre l’éléphant et sa corne serait fort prisée contre les venins.

Le Camphruch observé par André Thevet en 1575 ressemble énormément à l'animal décrit plus haut. Alors qu'il voyageait en Indonésie, il décrit une licorne aquatique dont le museau tient du phoque et du chat, l’avant du corps est semblable à celui d’une biche, avec une abondante crinière grise qui recouvre tout le cou. L'animal porte une longue corne torsadée et ses jambes postérieures sont palmées. Le camphruch chasserait le poisson en l’empalant sur sa corne qui a la particularité d’être mobile et de pouvoir soigner le poison, ce qui la rendrait très recherchée. Quelques années plus tard, le nom fut simplifié en Camphur dans les encyclopédies.

Lieux où se trouvent les licornes

Les récits d'explorateurs concordent parfois pour situer les licornes. L'Inde est très souvent citée, de même que l'Éthiopie, et ces deux pays forment les « terres d'élection des licornes ». D'autres témoignages isolés mentionnent plusieurs lieux au Moyen-Orient, Madagascar, le Caucase, l'Asie du Sud-Est et, plus exceptionnellement, les côtes est américaines ainsi que le Groenland etl'Antarctique.

Les licornes américaines seraient censées vivre près de la frontière canadienne « des animaux ressemblant à des chevaux, mais avec des sabots fendus, le poil dru, une corne longue et droite au milieu du front, la queue d’un porc, les yeux noirs et le cou d’un cerf[82]. ». Plus loin dans le même ouvrage, l'auteur décrit « des chevaux sauvages au front armé d’une longue corne, avec une tête de cerf, ayant le poil de la belette, le cou court, une crinière pendant d’un seul côté, les pattes fines, des sabots de chèvres. »

La licorne survécut aux différentes phases d'exploration de la Renaissance, contrairement à d'autres animaux légendaires comme le dragon et le griffon qui rejoignirent les mythologies et les récits folkloriques. Lorsque des régions où étaient censées vivre les licornes étaient entièrement explorées, un autre récit à mentionnait la bête dans des régions plus inaccessibles encore, comme le Tibet, l'Afrique du Sud et le centre de l'Afrique.

De 1500 à 1800

Durant la Renaissance, la licorne ne se trouve plus uniquement dans les ouvrages décrivant le monde animal, mais aussi dans des récits de voyages où les explorateurs affirment l'avoir rencontrée, dans des traités de médecine à propos de l’usage de sa « corne », et dans des études bibliques discutant de sa présence dans les textes sacrés. Quelques traités d’alchimie, d'astrologie ou d’héraldique ou des commentaires sur les textes gréco-romains la mentionnent également. Elle prend peu à peu la forme d'une créature fine, plus proche de la taille d'un cheval que de celle d'une chèvre, et garde les sabots fendus et la barbichette en souvenir de son passé de « chevreau » Elle devient « une cavale prodigieuse, blanche de robe, ressemblant à la haquenée des demoiselles ». La robe blanche de cette licorne qui acquit du cheval sa taille et sa noblesse s'imposait pour un animal symbole de pureté et de modestie. Peu à peu, on vit aussi des licornes représentées tirant des chars, mais rarement montées, sans doute car une telle représentation ne correspondait pas à sa symbolique.

OUVRAGES SAVANTS ET ENCYCLOPEDIES

Les premiers ouvrages savants consécrations à la licorne apparaissent à la fin du XVIe siècle, et jusqu'au XIXe siècle, la licorne fut étudiée dans de multiples encyclopédies où figuraient pour la plupart des animaux réels. Ils évitaient pour la plupart toute référence aux bestiaires médiévaux et se basent, pour la plupart, sur les multiples récits et témoignages, souvent disparates, des explorateurs ayant prétendument croisé des licornes pour disserter sur l'existence de l'animal, son apparence et ses propriétés. L’Historia Naturalis de Quadrupedibus de Jan Jonston présente ainsi huit espèces de licorne avec des noms latins.

Conrad Gesner

En 1551, l’Historia Animalium de Conrad Gesner est considérée comme l'une des premières compilations d’histoire naturelle et connait de nombreuses rééditions. Il consacre six pages à la licorne et surtout aux propriétés médicinales de sa corne, mais ne se prononce pas sur la réalité de l'existence de l'animal.

Ambroise Paré

Ambroise Paré remarqua dans son Discours de la licorne en 1582, une étonnante disparité dans les descriptions de l'animal présenté tantôt comme un cerf, un âne, un cheval, un rhinocéros voire un éléphant, avec des différences physiques importantes tant pour leur couleur (pelage blanc, noir ou brun), la taille de leur corne, que la forme de leurs pieds. Il qualifia la licorne de « chose fabuleuse » et reçut les foudres de certains théologiens : « S’il y a des licornes... ce n’est pas pour ce que l’Écriture Sainte le dit, mais pour ce que réellement et de fait il y en a, l’Écriture Sainte le dit ». Il remit aussi en doute l'utilisation de la corne de licorne comme contrepoison et procéda à une expérience où il mit un crapaud, animal alors réputé venimeux, dans « un vaisseau plein d’eau ou la corne de licorne avait trempé », et retrouva l'animal trois jours plus tard « aussi gaillard que lorsqu'il l'y avait mis ». L'ouvrage multiplie ainsi les exemples et les preuves inspirées de la méthode expérimentale pour réfuter l'existence de la licorne, et surtout pour combattre l'usage médicinal de sa corne, très répandu à l'époque.

Laurent Catelan

L'apothicaire Laurent Catelan tenait un cabinet de curiosités et consacre son Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne à la défense de la licorne, en 1624, en opposant les arguments d'Ambroise Paré aux siens. Il se base sur les témoignages d'explorateurs, l’Écriture Sainte et le Re'em pour prouver l'existence de la licorne comme une espèce à part entière qui, en fonction de son âge et du lieu où elle vit, présente des apparences différentes. La licorne y est décrite comme violente, féroce, et se nourrit de poisons qui se concentrent dans sa corne.

L’odorat de la licorne lui permettrait de reconnaître l’eau empoisonnée et sa corne, dont l'intérieur est lui aussi empoisonné, attirerait à elle tous les poisons présents dans l’eau par sympathie, le venin attirant le venin. Cette même corne serait très puissante car unique, alors que le pouvoir des cornes des animaux qui en possèdent deux est divisé par deux. L'odorat permet à la licorne de reconnaître la virginité et elle s'évanouit de joie lorsqu'elle rencontre une vierge. Capturée, la licorne se laisse mourir de faim. L'absence de cadavre de licorne retrouvé entier s'expliquerait par le fait que leurs possesseurs ne tenaient pas à se les faire enlever. Il serait impossible de créer de fausses « cornes de licorne ».

THEOLOGIE

La présence du Re'em dans la Bible donna lieu à de nombreuses interprétations et les théologiens mentionnèrent des croyances selon lesquelles la licorne avait périt pendant le Déluge. Selon un conte russe, la licorne refusa de monter dans l'Arche de Noé et préféra nager, sûre de survivre. En quarante jours et autant de nuits, elle reçut des oiseaux fatigués qui se posèrent sur sa corne et l'alourdirent. Alors que les eaux commençaient à baisser, l'aigle se posa sur sa corne et la licorne, épuisée, coula et se noya. Selon la tradition talmudique, la grande corne de la licorne, signe d'orgueil, l'empêcha de trouver une place dans l'Arche. D'après des interprétations de la la tradition hébraïque, la licorne ne prit pas place dans l'arche de Noé mais ses qualités lui permirent de survivre au déluge. Dans la gravure ci-contre, extraite d'un exemplaire des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe publié en 1631, la licorne est le seul animal à ne pas être en couple parmi ceux que Noé s'apprête à sauver des eaux. La croyance en la présence du re'em en tant que licorne dans deux traductions de la Bible, la Septante et la Vulgate, formaient aussi une preuve par autorité de l'existence de l'animal pendant la Renaissance; En effet, la Bible est censée, pour les catholiques, être directement dictée par Dieu.

Einhornhöhle

Einhornhöhle est situé dans le massif du Harz en Allemagne, de nombreux os fossiles y furent déterrés. Certains de ces ossements ont été reconstruits par le maire de Magdebourg, Otto von Guericke, comme une licorne en 1663. Cette soi-disant licorne avait deux jambes et fut probablement construite à partir d'os fossiles de rhinocéros laineux et d'un mammouth, sur lesquels avait été fixée une défense de narval. Le squelette fut examiné par Gottfried Leibniz, qui avait douté de l'existence de la licorne et l'attesta, mais il fut vite considéré pour ce qu'il était : un canular.

Constellation de la licorne [modifier]

La constellation de la Licorne aurait été nommée par l'astronome néerlandais Petrus Plancius en 1613, et cartographiée par Jakob Bartsch en 1624. Elle apparaitrait sur des travaux de 1564 et Joseph Scaliger rapporte l'avoir vue sur un ancien globe céleste perse. Il s'agit d'une constellation moderne et elle n'est pas associée à une quelconque mythologie, mais nommée ainsi par simple analogie avec l'image de la licorne légendaire à cette époque.

Héraldique

Jusqu'au XIVe siècle, la licorne était quasiment absente des blasons. C'est une figure héraldique imaginaire qui, selon la tradition, ressemble au cheval, a des sabots fourchus de cervidés et une barbiche sous la gueule. On la trouve surtout dans les ornements extérieurs de l'écu. La licorne est devenue l’un des emblèmes les plus utilisés par les seigneurs et chevaliers à partir du XVIIe siècle, elle symbolisait leurs vertus car « sa noblesse d’esprit est telle qu’elle préfère mourir qu’être capturée vivante, en quoi la licorne et le vaillant chevalier sont identiques » et « cet animal est l’ennemi des venins et des choses impures ; il peut dénoter une pureté de vie et servir de symbole à ceux qui ont toujours fui les vices, qui sont le vrai poison de l’âme ». Bartolomio d'Alvano, capitaine au service des Orsini, tira parti de cette symbolique en faisant broder une licorne plongeant sa corne dans une source sur son étendard, avec la légende « Je chasse le poison ». Bien que les licornes héraldiques portent parfois un collier et des morceaux de chaines, qui peuvent être interprétés comme un signe de servitude, elles ne sont jamais représentées attachées, ce qui montre qu'elles ont rompu leur servitude et ne peuvent être prises à nouveau. Deux licornes soutiennent les armes écossaises, et dans les armoiries de Grande-Bretagne, le lion représente l’Angleterre et la licorne, l’Écosse. La présence combinée de ces deux créatures symbolise l’union impériale des deux couronnes.

Lewis Caroll cite une comptine anglaise, dans De l’autre côté du miroir, où il rappelle l’origine de ces supports d’armes :

The Lion and the Unicorn

were fighting for the crown:

The lion beat the unicorn

all around the town


Le lion et la licorne

se disputaient la couronne

Le lion battit la licorne

tout autour de la ville


Pour la couronne d’or et pour la royauté,

Le fier Lion livrait combat à la Licorne.

Elle fuit devant lui à travers la cité,

Sans jamais, toutefois, en dépasser les bornes.

Chapter VII. The Lion and the Unicorn Traduction littérale Le Lion et la Licorne, Chapitre 7. Le Lion et la Licorne, traduction de Jacques Papy

 

Sur le même modèle, lion et licorne figurent également dans les armoiries du Canada. La licorne porte la bannière des armes de France, trois fleurs de lys d’or sur fond azur, semblable au blason royal de France qui ornait la croix plantée par Jacques Cartier à Gaspé. Les armes de la Vénérable Société des pharmaciens de Londres ont deux licornes d'or, bien qu'elles aient la queue de chevaux et non pas de lions

En France, on trouve la licorne dans les armoiries de la ville normande de Saint-Lô et de la ville alsacienne de Saverne. L’usage orthodoxe veut que la corne de la licorne soit tricolore de sable, d’argent et de gueules, c’est-à-dire noir, blanc et rouge, en hommage au nigredo-albedo-rubedo des alchimistes dont les 3 couleurs représentent le Grand Œuvre.

Avec le développement de l'imprimerie, la licorne devint l’animal le plus représenté sur les filigranes de papier, et le plus répandu après le phénix dans les marques et les enseignes d’imprimeurs, dans toute l’Europe. On suppose qu'elle symbolisait la pureté du papier et celle des intentions de l'imprimeur.

De l'alchimie à la psychanalyse

Contrairement à ce que le psychanalyste Carl Gustav Jung et ses continuateurs affirmeront, la licorne apparaît rarement et plutôt tardivement dans le pourtant riche bestiaire de la symbolique alchimique (dans lequel les animaux les plus courants sont les aigles, les lions, le phénix, les pélicans, les salamandres et les dragons).

Une représentation de la licorne et de la vierge figure dans une des versions du XVIe siècle du manuscrit enluminé de l'Aurora consurgens (autrefois attribuée à tort à Thomas d'Aquin). Elle apparaît aussi, avec des significations différentes, dans deux livres d'emblèmes du tournant du XVIe siècle et du XVIIe siècle. Dans le poème alchimique De lapide philosophico (De la pierre philosophale) attribué à un certain Lambsprinck, publié pour la première fois en 1598 et illustré en 1625, la triade forêt/cerf/licorne représente allégoriquement les trois parties de l'homme corps/âme/esprit qui, dans la théorie paracelsienne, sont utilisés pour représenter les trois « principes » constituants de la matière : le mercure, le soufre et le sel. Dans une illustration de la Philosophia reformata (1622) de Johann Daniel Mylius[104], la licorne sous un rosier symbolise l'une des sept étapes du grand œuvre alchimique.

Avant que Carl Gustav Jung ne lui consacre une cinquantaine de pages dans Psychologie et alchimie (1944), la licorne n'intéressait pas tant les psychanalystes et symbologues. Jung interprète la scène du poème de Lambsprinck comme celle du mercure philosophique que la licorne symbolise, tout comme le lion. La licorne serait une partie de l'anima (la part féminine chez l'homme, souvent inconsciente), le soufre est prêt à être projeté en masse dans la terre préparée. La Vierge représente l'aspect féminin passif du mercure philosophique, tandis que la licorne et le lion symbolisent la force sauvage, indomptée, masculine et pénétrante du spritus mercuriolis (esprit mercuriel). Le cerf est un symbole du mercure philosophique, associée à l'or de la licorne, du lion, de l'aigle et du dragon[105]. Jung mentionne aussi un ancien traité d'alchimie selon lequel « Unicornis est Deus, nobis petra Christus, nobis lapis angularis Jesus, nobis hominum homo Christus »[106]. La licorne peut aussi symboliser le mal, c'est-à-dire l'inconscient, car elle fut dès l'origine un animal fabuleux et monstrueux. Elle renferme une opposition intérieure, une union des contraires, c'est ce qui en fait un symbole exprimant le monstre hermaphrodite de l'alchimie.

Selon l'ouvrage ésotérique de Francesca Yvonne Caroutch, la licorne aurait été l'un des emblèmes favoris des alchimistes vivant leur art comme une voie d'éveil et depuis la nuit des temps, les humains rêveraient de cet animal et de sa corne unique dotée de pouvoirs secrets. Parce qu'elle neutralise tout venin, tout poison, la licorne œuvre à la transmutation alchimique : partout où elle règne, la matière se spiritualise.

Roger Caillois note que comme Mélusine, les vouivres ou les sirènes, les licornes possèdent la nature double du mercure unissant le fixe et le volatile. Tour à tour soleil et lune, semence et matrice, la licorne incarnerait le solve et coagula, pour dissoudre le corps et coaguler l'esprit, spiritualiser le corps et donner corps à l'esprit. Dans la tradition hermétique, la licorne serait associée à l'œuvre au blanc et l'escarboucle visible sous sa corne unique annoncerait le phénix de l'œuvre au rouge. Seul un sage accompli serait sûr de reconnaître la licorne car elle peut déceler tout ce qui est altéré, impur, pollué ou maléfique. Rare et solitaire, elle ne vit que dans des lieux inaccessibles.

Selon le dictionnaire des symboles, elle désignerait aussi le chemin vers l'or philosophal aux hermétistes occidentaux.

D'une manière générale, la symbolique de la licorne en alchimie serait celle d'un instrument de fixation mais surtout de pénétration. L'arcane de la licorne, de même que celui du coq, serait annonciateur de la lumière.

Découverte du Narval

Au XVe siècle déjà, certains savants d'Europe supposaient que les fameuses « cornes de licorne » vendues en Europe appartenaient à un animal marin et au cours du XVIe siècle, quelques écrits y firent référence sans être remarqués, les auteurs s'étonnèrent que les « cornes de licorne » semblent venir d'Angleterre, du Danemark ou d'Islande. Ambroise Paré pensait dans son Discours de la licorne que ces « cornes » étaient en réalité des défenses de morses. Les récits de voyageurs maritimes regorgeaient aussi d'exploits attribués à des bêtes aquatiques à cornes[5], le navigateur anglais Martin Frobisher décrivit ainsi une rencontre avec une « licorne de mer » en 1577. Des rapports d'observation comme celui du camphruch d'André Thevet firent de la licorne une créature aquatique, ce qui la rapprocha du cétacé qu’est le narval. La première mention d'un narval cornu figure dans un ouvrage savant de 1607 en ces termes « La chair du Nahwal fait soudain mourir celui qui en mange, et il a une dent de sept coudées sur l'inférieure partie de la tête. Aucuns l'ont vendue pour corne de monocéros, et croit-on qu'elle résiste aux venins. Cette bestiasse a quarante aulnes de longueurs». Une autre description détaillée du narval paraît en 1645, mais sans faire le lien entre ce mammifère marin et la licorne.

En 1704, le lien est établi entre la défense du narval et la « corne de licorne » grâce à un célèbre dessin comparant un narval, le squelette reconstitué de licorne et une représentation équine de la licorne, avec la défense du narval au-dessous, sous le nom d' unicornu officinale. La licorne est classée comme une créature légendaire sous le nom d'unicornu fictium. Au fil du temps, il fut admit qu'elle n'existait pas, et que toutes les « cornes de licorne » qui s’échangeaient jusque là étaient en réalité des dents de narval particulières, poussant dans la partie gauche de la mâchoire de cet animal inoffensif. Le narval vit au large du Groenland, dans les eaux glacées de l’Arctique, ce qui rend son étude difficile. La défense du narval fut longtemps considérée comme une corne et non pas comme une dent, probablement en raison d'un refus de la dissymétrie selon Carl von Linné dans son Systema Naturae. Le narval est nommé depuis la « licorne de mer ». La découverte de ce mammifère marin fit s'effondrer le cours des « cornes de licorne » et mit à terme fin à leur commerce, mais elle ne fut pas immédiatement fatale à la croyance en l'existence de la licorne.

XIXe siècle

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la licorne fut parfois encore considérée comme un animal réel. La revue de l'orient de 1845 en fait une description encyclopédique en insistant sur le fait qu'« elle court toujours en ligne droite car la roideur de son cou et son corps ne lui permet guère de se tourner par le côté. Elle peut difficilement s'arrêter quand elle a pris son élan et renverse avec sa corne, ou coupe avec ses dents, les arbres de médiocre grosseur qui gênent son passage. On compose d'excellents remèdes avec sa corne, ses dents, son sang et son cœur, qui se vendent très cher ». En 1853, l'explorateur Francis Galton cherchait désespérément la licorne en Afrique australe, offrant de fortes récompenses pour sa capture : « Les Bushmen parlent de la licorne, elle a la forme et la taille d’une antilope, avec au milieu du front une corne unique pointée vers l’avant. Des voyageurs en Afrique tropicale en ont aussi entendu parler, et croient en son existence. Il y a bien de la place pour des espèces encore ignorées ou mal connues dans la large ceinture de terra incognita au centre du continent ». Le Glossaire archéologique du Moyen Âge, de Victor Gay, en 1883, est le dernier ouvrage à mentionner la licorne comme réelle.

Devenue créature imaginaire et symbolique à l'instar des dragons et autres griffons, la licorne apparait dans quelques œuvres de fiction comme La tentation de saint Antoine, par Flaubert :

« J’ai des sabots d’ivoire, des dents d’acier, la tête couleur de pourpre, le corps couleur de neige, et la corne de mon front porte les bariolures de l’arc en ciel. Je voyage de la Chaldée au désert tartare, sur les bords du Gange et dans la Mésopotamie. Je dépasse les autruches. Je cours si vite que je traîne le vent. Je frotte mon dos contre les palmiers. Je me roule dans les bambous. D’un bond, je saute les fleuves. Des colombes volent au-dessus de moi. Une vierge seule peut me brider. »

— Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine

Elle apparait aussi dans De l’autre Côté du miroir, roman de Lewis Caroll. la licorne de ce roman n'est que la première parmi un riche bestiaire moderne qui la fait vivre au fond d'une forêt ou dans un pays imaginaire avec les fées.

La licorne apparaissait aussi sur de nombreux filigranes de la fin du XIXe siècle siècle à la première moitié du XXe siècle. Ils possédaient des interprétations symboliques inspirées des signes de reconnaissances de sociétés secrètes, comme les cathares, les alchimistes, les sociétés antichrétiennes, maçonniques ou rosicruciennes.

Le vaillant petit tailleur

Le Vaillant Petit Tailleur est un conte des frères Grimm qui met en scène un jeune homme frêle issu du peuple. Un jour, il tue sept mouches d’un coup et brode « Sept d’un coup » sur sa ceinture. Le roi, très impressionné par cet exploit car il croit qu’il s’agit d’hommes abattus, lui confie alors des tâches dont le vaillant petit tailleur s’acquitte par la ruse, entre autres de tuer ou de capturer une licorne dans la forêt. Le petit tailleur prend une corde et une hache et part dans la forêt où la licorne le charge pour l'embrocher. Il attend que l'animal soit proche et bondit derrière un arbre, la licorne court à toute vitesse et enfonce sa corne si profondément dans le tronc qu'elle est incapable de l'en retirer. Le tailleur passe la corde au cou de la licorne, dégage la corne du tronc à coups de hache et emmène la bête au roi.

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commentaires

R
<br /> Ah ! la licorne ! Connaissez-vous la pièce de théâtre "La Dame à la Licorne et au Lion" d'Emmanuel-Yves Monin ? J'y ai joué le rôle du vieillard avec les derniers trouvères : http://www.lesdernierstrouveres.com/.<br /> Je conte aussi "La recherche de la Licorne" puis sa disparition. Le texte est dans mon livre "Contes qui coulent de Source  (éd. EDIRU).<br /> L'avez-vous vu, cette Licorne ? Je connais de bien proches qui ont eu cette joie. Noé a oubliéde la faire monter dans l'Arche, hélas !<br /> A +++ Régor<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> la licorne je l'aime bien<br /> belle soirée <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Moi aussi.... N'hésite pas à revenir<br /> <br /> <br />